Avant toute chose, permettez-moi de vous souhaiter à tous et toutes une très heureuse année 2018. J’espère qu’elle vous sera profitable, pleine de belles surprises et d’un zeste de Moyen Âge ! Le rythme de publication est un peu erratique ici, j’en ai conscience, mais les premiers mois de thèse ont nécessité quelques ajustements. Me voici donc venir par ici pour donner des nouvelles ! Je vous rassure : je ne pousse pas encore le médiévalisme à m'éclairer à la bougie ! « Maman, je veux faire une thèse ! » L’exercice d’une thèse de doctorat peut paraître un peu exotique pour qui n’est pas dans le milieu universitaire. Rassurez-vous, même quand on est dedans, ça peut paraître exotique. Il est vrai que lorsqu’on décide de se lancer dans une telle entreprise, on a rarement une juste appréhension de ce que demandera ce travail. Car oui, une bonne fois pour toutes : la thèse est un job à part entière. Mon sujet s’est imposé à moi sur une sorte de coup de tête : en master, j’éditais des pièces de théâtre médiévales, et j’étais frappée de l’âpreté de certains discours à charge. Est-ce qu’aujourd’hui on tolérerait des pièces de théâtre parodiant vertement le pouvoir en place, ou accusant ad nominem des notables de corruption ? Cela ne se fait plus sur les scènes mais dans des billets de blogs ou sur des chaînes youtube. Le théâtre était le youtube médiéval (si ce n'est pas la classe absolue, ça). J’ai donc voulu travailler sur quelque chose nomme « le théâtre politique au Moyen Âge ». Et c’était tout. Une première idée que je ne savais pas par où attraper. Je travaille toujours sous la direction du même professeur qu’à l’époque de mon master. J’ai la chance d’avoir à portée de mail quelqu’un de compétent, passionné réactif et spécialiste de mon sujet avec qui je m’entends bien ; en somme, la perle rare. Beaucoup de témoignages d’étudiant en thèse que j’ai lus ou entendus témoignent d'une impression d'être « laissés seuls avec leur thèse » lorsque le directeur de recherches n'encadre pas suffisamment à leur goût. Ce n’est pas mon cas : je suis bien entourée, à la fois par les enseignants médiévistes de mon université, par ceux présents dans l’équipe de recherche où je suis, et par ma directrice de recherches. Bien entourée, donc, mais seule à être capable de faire le boulot. Et de quel boulot parle-t-on ? Rédiger une thèse… oui mais qu’est-ce qu’une thèse ? Elle prend traditionnellement la forme d’un livre de 400 ou 500 pages, parfois davantage, qui présente un cheminement intellectuel argumenté sur un sujet. Un cheminement intellectuel argumenté, ça veut dire deux choses : d’une part, il faut faire des recherches, de façon à avoir des textes, des « preuves », et d’autres sons de cloche à présenter ; d’autre part, cela nécessite votre implication totale. Pendant quelques années (quatre ou cinq ans, en sciences humaines, généralement), tout ce que vous ferez tournera autour de ce même sujet dans lequel il faut « rentrer ». Lectures diverses, enquêtes sur les textes, dans les bibliothèques, dans les archives, rencontres de spécialistes, échanges de mails, doutes, beaucoup de thé. A cela s’ajoute une tendance à tout « ramener » à votre sujet : vous lisez un roman pour vous détendre ? Damned, cette phrase vous fait penser à votre thèse ! Vous allez au cinéma ? Vous vous mettez à analyser la « mise en scène » de chaque image pour y chercher le politique (ne riez pas, ça me l’a fait sur Star Wars 8…). Un corpus de thèse normal... oh wait ! Un projet de thèse Une fois que vous avez signé auprès de votre directeur ou directrice de recherches, et que vous êtes partant, que faire ? C’est bon, c’est officiel, « oui, je vais écrire un livre de 500 pages décrivant et argumentant mon cheminement intellectuel sur l’épineuse question du théâtre politique au Moyen Âge ». Eh bien dans nos sociétés modernes, le nerf de la guerre, c’est l’argent. Il faut donc trouver, désormais, un moyen de subsistance pour pouvoir faire sa recherche tranquillement… Disons en pouvant s’alimenter et sans avoir à dormir sous un pont. Nombre de doctorants en sciences humaines sont dans une situation assez précaire : rares sont les « contrats doctoraux », ces financements alloués par l’université, et beaucoup doivent donc travailler pour se payer le « luxe » de… travailler encore plus en faisant une thèse ! J’ai, pour ma part, fait une demande de contrat doctoral ; était alors demandé un « projet de thèse », c’est à dire un bref exposé des enjeux de la thèse : sur quels textes vais-je travailler ? Pourquoi choisir ce sujet et cet angle d’approche ? Comment vais-je mettre en œuvre mon enquête ? Que cherché-je au juste ? Pourquoi devriez-vous me financer ? Le projet de thèse a deux objectifs : mettre en forme son sujet de recherche d’une part, en définissant ses enjeux, un premier corpus, des axes de recherche, et d’autre part « vendre » le sujet pour qu’il soit accepté par les universités et écoles doctorales. L’étape du projet de thèse a pour moi été très importante. Elle m’a permis de me poser les bonnes questions : qu’est-ce que je veux faire de ces trois (ou plus) ans passés sur ce sujet ? Quelles questions dois-je me poser ? Pourquoi souhaité-je travailler sur un tel sujet ? Pourquoi le Moyen Âge ? Pourquoi le théâtre politique ? Pourquoi la vie ? … bon, d’accord, peut-être pas « pourquoi la vie ? » Une fois ce projet de thèse en main, j’avais un certain nombre d’outils et de pistes : j’avais dû, pour le projet, constituer une bibliographie et un corpus provisoire de textes de théâtre « politiques », ce qui m’avait apporté quelques outils de théorie littéraire, de sociologie, d’historiographie et d’épistémologie. Contrat doctoral en poche, et projet de thèse comme guide, j’ai pu me lancer ! Un périple parisien normal pour aller consulter le Jardin de Jennes, BnF Rotschild 3018 Commencer sa thèse Et voici où j’en suis : je « commence ma thèse ». Qu’est-ce que cela implique ? Qu’est-ce que cela veut dire ? Eh bien plusieurs choses ! Pour ma part, travaillant sur des textes peu connus, peu édités et quelque peu perdus dans les collections anciennes des bibliothèques, j’ai commencé par mettre le nez dans mon corpus pour lire et décortiquer chaque texte. Une lecture de surface n’est pas suffisante, et, de façon générale, une lecture n’est pas suffisante. En littérature, le texte est la matière première sur laquelle on construit son raisonnement, la glaise que l’on façonne pour obtenir le pot que sera la thèse : et dans ce pot, il y aura notre pensée. J’ai donc consacré mes premiers mois de thèse à de la lecture (beaucoup de lecture) et à la traque de pièces médiévales ou renaissantes en bibliothèque. Les divers sites de la Bibliothèque nationale de Paris m’ont ainsi vue fréquemment au cours des derniers mois de 2017 ! J’ai pu ainsi découvrir le Fichier Picot dont je parlais dans l’article précédent, mais également des pièces imprimées comme le Jardin de Jennes (début XVIe), la Couvée des Anglais (1523) et les Bergeries et Eglogues de Ferrand de Bez (fin XVIe). Mes lectures d’ouvrages « critiques » ont été aussi nombreuses : thèses sur la mise en scène, ouvrage sur ce qu’est le théâtre, bouquins d’histoire. Le tout est de ne jamais cesser d’ouvrir des pistes, de défricher : la conclusion n’est pas aussi importante que le cheminement. Il n’est pas important pour moi de dire au monde « ce qu’est exactement le théâtre politique au Moyen Âge », en revanche, il est important pour moi de montrer que l’expression « théâtre politique » peut correspondre à tout un spectre de pratiques et de définitions différentes. Pour le moment, j’écris assez peu. J’ai réalisé un premier plan de travail en regroupant mes axes de recherches et mes pistes en six grands « dossiers » que j’avance pour le moment conjointement. Dès que je vois quelque chose qui peut être intéressant pour l’un de ces dossiers, je le note dans le fichier papier correspondant de façon à collecter des citations, des questions, des bouts de réflexion sur ces différents aspects de ma thèse. Je travaille, lis et relis les textes pour en tirer des choses intéressantes, et surtout : je vais à la rencontre des gens. J'aime à croire que si une thèse s'écrit seul, elle peut se penser à plusieurs. Je participe à des formations, des stages, des séminaires, certains en lien direct avec mon sujet de recherche, d'autres un peu plus éloignés ou généralistes sur le Moyen Âge (comme l'équipe de jeunes chercheurs médiévistes Questes ou son équivalent à Genève les JCM). Les rencontres et discussions que l'on y noue sont porteuses de nouvelles questions, de découvertes et de chouettes moments. Théâtre médiéval et tir à l'arc japonais Je m’octroie le droit de faire ici une petite parenthèse sur l’un des stages qui m’a particulièrement marquée. C’était un workshop de trois jours en compagnie de l'artiste plasticien Julien Prévieux où il s’agissait de réfléchir aux gestes dans nos sociétés contemporaines. Travaillant sur le théâtre médiéval où les seules traces de geste qui nous parviennent sont des didascalies et parfois des enluminures ou bois gravés, cette question me touchait tout particulièrement. Comment pourrions-nous remettre en scène des pièces médiévales ? Pouvons-nous reconstituer quelque chose d’aussi volatile que des gestes et des attitudes de scène à partir d’illustrations et de description ? J’ai voulu tenter une expérience : j’ai pris un domaine que je connaissais bien mais que peu de monde dans la salle risquait de connaître, le Kyudo, le tir à l’arc japonais, et ai proposé aux participants, sur une base d’iconographie d’apprendre à tirer à l’arc avec différents niveaux d’images qui étaient, selon moi, de la plus neutre à la plus explicative : je leur ai présenté des photos, des schémas d’un livre spécialisé sur le kyudo et des vidéos. Les photos ont permis de détailler les étapes du tir et de « voir » ce que devait donner une position de l’extérieur. Les schémas ont montré comment cette position se construisait par un bon agencement des différents membres du corps, et la vidéo permettait de faire un lien entre toutes les étapes en donnant à voir le cérémoniel d’un sharei, le tir de cérémonie. Ce fut une expérience riche pour moi – il a fallut mettre à l’épreuve mes talents de pédagogue – et amusante pour tous et toutes ; je ne peux donc que remercier ici bien chaleureusement tous les participants de s’être prêtés au jeu, les féliciter d’avoir réussi à reconstituer les différentes étapes du tir, et remercier Julien Prévieux d’avoir gentiment pris quelques photos de l’événement.
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De nombreuses choses se sont passées depuis mon dernier billet de blog ; à commencer par les résultats des concours de l'agrégation (que j'ai ratée !) et du capes (que j'ai obtenu). M'a été donné, également, l'opportunité de pouvoir commencer des études doctorales cette année, remettant à plus tard mon entrée dans le monde merveilleux de l'éducation nationale. Me voici donc désormais sur la route d'une Terra Incognita qu'est le théâtre politique du Moyen Âge. Ce sujet me tenait particulièrement à coeur, d'une part parce que j'aime profondément la culture médiévale - en particulier celle des XVe et XVIe siècles - qui transparaît de cet "art populaire" qu'est le théâtre (mais pas si populaire que cela ; l'on joue aussi à la cour des rois !) ; et d'autre part, parce que je suis continuellement frappée de l'actualité de ce théâtre. Cinq ou six cent ans plus tôt, les questions d'argent, de pouvoir, de morale étaient les mêmes qu'aujourd'hui. Certes, nos ancêtres de l'époque n'avaient ni nos soucis de technologie, ni nos problèmes d'écologie, mais les questions demeuraient. Peut-on faire impunément ce que l'on veut du personnage allégorique de Terre ? Peut-on vivre au dessus des lois de Nature ? Peut-on légitimer un coup d'état ? Peut-on prôner une politique sécuritaire au nom de la guerre ? Que sont les différences de religion ? Que sont des valeurs comme le bien et le mal ? Ce théâtre, média de masse de l'époque - notre Internet avant l'heure ; la télévision de nos parents ; la radio de nos grands-parents - résonne de façon décidément bien actuelle. C'est pourquoi, grâce à la générosité du service des manuscrits de la Bibliothèque nationale de France, j'ai pu commencer à me mettre au travail à la recherche de textes inédits à portée politique dans le Fichier Picot. Le Fichier Picot est un ensemble de quatre vingt quatre tomes de fiches manuscrites d'un bibliothécaire parisien du début du XXe siècle. Emile Picot, à qui l'on doit un recueil de sotties en trois tomes que l'on peut découvrir sur Gallica, a été le bibliothécaire de la prestigieuse famille Rothschild laquelle a légué à la bibliothèque nationale un fond de manuscrits et d'imprimés anciens. Ainsi que l'écrit Marie Bouhaïk Gironès, dans son article dédié à Emile Picot, ce dernier est le meilleur des bibliothécaires parce qu'il est un bibliothécaire qui lit : il a, toute sa vie durant, constitué des fiches de lectures, tenu des livres de comptes, ainsi qu'une abondante correspondance (dont certains extraits peuvent être lus dans le Fichier Picot) avec d'autres bibliothécaires et libraires. Grâce à ce réseau, notre bibliothécaire historien du théâtre médiéval a pu compiler une somme astronomique de références théâtrales, et demander à ses amis de transcrire pour lui nombre de pièces. Dans ce Fichier Picot, j'ai pu redécouvrir des textes ne bénéficiant pas encore d'édition moderne (la Maladie de Chrestienté par exemple, une pièce du XVIe siècle du protestant Matthieu Malingre), et mettre au jour des textes qui me sont inconnus (et sont aussi peut-être inconnus à d'autres !) En somme, cette expédition à la Bibliothèque Nationale marque joliment le début de ma thèse, et ouvre d'exaltantes perspectives. Je n'ai pu, en effet, que consulter six des quatre-vingt-quatre tomes du fichier Picot. Encore, sans doute, beaucoup de découvertes à venir ! La vie du blog Les plus observateurs d'entre vous pourront également noter que le site a fait peau neuve. La mise à jour s'est étalée sur toute la période estivale et touche désormais à sa fin. Je remercie bien chaleureusement Gabrielle (alias Black Falcon) pour ses recommandations d'ergonomie et de lisibilité. En espérant que cette nouvelle version vous satisfasse autant qu'elle me plaît !
En outre, j'ai également à coeur de vous annoncer l'ouverture d'un second blog, plus généraliste, où j'entends ne pas parler (ou disons, le moins possible) de Moyen Âge. Il paraît, en effet, qu'il faut soigner ses monomanies, et qu'il n'y a pas que le Moyen Âge dans la vie. Puisque cela est vrai, qu'il y a également lecture, littérature, écriture, couture, cinéma, réflexions et autres expositions artistiques, je me suis lancée sur une plateforme complémentaire à celle-ci. Vous pourrez découvrir tout cela sur le blog de... Ainsi que le montre très discrètement la page du Livre du Duc des Vrais Amants cachée dans cette photographie, le mois de mai sera très Christinien puisque je suis admissible à l'agrégation de lettres modernes ! Pour rester dans le thème, j'ai récemment publié un article de blog sur cette merveilleuse auteure qu'est Christine de Pizan, et j'ai assisté à une journée d'étude organisée à l'Ecole Normale Supérieure rue d'Ulm sur l'auctorialité au féminin, notamment dans l'oeuvre au programme de l'agrégation.
La journée fut riche d'enseignements et de perspectives de travail sur le Livre du Duc des Vrais Amants (ce qui est tout de même fort utile en ces temps de préparation de concours) mais aussi de perspectives de travail plus générales et d'idées d'articles pour le blog. Puisque nous en sommes à l'actualité des concours, le programme d'agrégation de la session 2018 est tombé : ce sera le Chevalier au Lion de Chrétien de Troyes, un choix judicieux puisque fréquemment employé dans le secondaire. On peut donc espérer que l'oeuvre sera bien connue de nombreux candidats, ce qui devrait leur ôter une épine du pied. Mon année à venir sera, je l'espère, plus propice à l'arrivée sur le site d'une vague d'articles pour aider les jeunes agrégatifs tant dans l'acquisition de connaissances en littérature qu'en langue médiévale ! D'ici là, je m'en vais profiter d'un dimanche ensoleillé pour tisser aux cartes, réviser l'agrégation, et mettre la main à un projet de thèse ! Les 24 et 25 mars derniers se tenaient à l'université de la Sorbonne un colloque intitulé Kaamelott, la (re)lecture de l'histoire organisé par Florian Besson (Paris IV) et Justine Breton (Université de Picardie, Amiens). Le relai de l'information par Alexandre Astier (souhaitant bonne chance aux chercheurs pour "mettre de l'ordre dans tout ce merdier") sur les réseaux sociaux a d'ailleurs causé le crash du site de la Sorbonne en raison d'un trop grand afflux sur les serveurs.
Ce fut l'occasion de lire la série à l'aune de l'histoire, de la littérature, mais aussi de la sociologie et de l'histoire des médias. L'ensemble des jeunes (et moins jeunes) chercheurs réunis pendant deux jours dans les locaux de la Sorbonne ne furent pas en reste de boutades et d'analyses profondes. Le colloque fut passionnant à bien des égards, puisque permettant d'enquêter sur les sources historiques et littéraires convoquées par Alexandre Astier, mais aussi questionnant des choix de mise en scène, et la réception du Moyen Âge (plus précisément, la période charnière des Ve et VIe siècles dont on ne sait pas trop s'il s'agit d'Antiquité tardive ou de Moyen Âge précoce) dans l'imaginaire collectif. Nous avons eu, entre autres opportunités, la chance de découvrir que la peur des lapins adultes de Bohort était tout à fait justifiée (cf. la première photo), et d'accueillir Jean-Robert Lombard, aka. Père Blaise, qui a pris la parole pour discuter avec nous de son rôle et de la série. Hello !
L’année tire doucement à sa fin, et l’article sur la face a bien tourné (je ne suis que fierté, même si je sais que 99 % des lecteurs sont des agrégatifs !). Et tiens ? Dirait-on qu’un fourmillement d’articles de Noël se prépare ? En guise d’aparté, histoire de ne pas seulement écrire cet article pour faire du teasing (même si c’est très tentant), j’en profite pour présenter ce chouette ouvrage : La Muse et le Compas : poétiques à l’aube de l’âge moderne, édité chez Classiques Garnier sous la direction de Jean-Charles Monferran. Une dizaine de contributeurs ont œuvré des années durant pour offrir au monde des curieux de tous poils trois textes que nous attendions tous avec une impatience non dissimulée – enfin, que ceux qui savaient que ces textes existaient attendaient avec impatience : TROIS ARTS DE SECONDE RHÉTORIQUE DU XVe SIÈCLE ! Les lecteurs que vous êtes vont sans doute m’arrêter là et me demander « oui mais Marielle, t’es bien mignonne avec ta seconde rhétorique, mais ça serait bien sympa de… 1/ nous expliquer ce qu’est la première rhétorique, déjà 2/ nous expliquer ensuite ce qu’est la seconde rhétorique ! » Patience, lecteur avide de nouvelles connaissances, patience ! Ce qui est appelé « seconde rhétorique » désigne tout simplement l’écriture en vers. Cela inclut donc la métrique, le travail des rimes, la disposition des vers, l’étude des formes fixes, des figures de style propre au vers etc. En somme : la poésie. Par opposition la « première rhétorique » est en réalité l’art de bien parler, ce que l’on appelle stricto sensu depuis l’Antiquité « la rhétorique ». Est entendu, cependant, sauf contre-indication des traités que tout ce qui est valable pour la première rhétorique l’est pour la seconde. Je développerai cependant tout ça dans un prochain article ! (Et oui, c’est bon, on y est pour le teasing!) Mais, me demanderez-vous : pourquoi faire un tel raffût SPÉCIALEMENT pour ce livre ? Eh bien c’est que l’un des trois traités présenté est l’Instructif de Seconde Rhétorique d’un auteur anonyme se présentant dans son propre travail sous le nom de plume de l’Infortuné. Ce traité est le seul traité – à ma connaissance du moins – du Moyen Âge théorisant en partie la pratique théâtrale ! On l’avait vu, le théâtre est perçu comme une pratique, elle échappe donc à la rationalisation du savoir. Eh bien bim, le traité de seconde rhétorique y pourvoit sur une bonne centaine de vers ! (Je suis donc comme une gosse qui déballe son cadeau de Noël !) Nouvelles sous peu de cette sombre affaire, donc ! Et si vous brûlez d’impatience en attendant l’article, pourquoi ne pas jeter un œil à cet ouvrage dans votre bibliothèque préférée ? Bien le bonjour tout le monde !
On pourrait croire que l'auteure de ce blog a trépassé sous le coup de l'agrégation de lettres. Ce n'est, sans doute, pas très éloigné de la vérité, mais incomplet ! Il est évient que la charge de travail est au rendez-vous ; mais sur le très chouette programme que nous avons, c'est un plaisir que de s'y remettre. Le blog connaît forcément une baisse de régime, mais prendre des pauses médiévales dans le programme d'agrégation est pour moi une nécessité ; assez ironiquement, j'ai donc plusieurs articles en chantier qu'une semaine de "pause" dans les cours à la Toussait (c'est à dire : dans deux jours, JOIE !) va me permettre de vous livrer petit à petit. Au programme, une introduction au roman médiéval, Jean Renart (l'auteur de romans du XIIIe siècle au programme de l'an dernier), Christine de Pizan (l'auteure au programme de cette année !), de l'histoire de la langue (avouez, petits fripons que vous brûlez de savoir comment nous sommes passés du latin au français moderne), des révélations sur des mots de notre langue courante, et un article sur la Farce (genre théâtral que l'on a déjà brièvement évoqué) du XIVe au XVIIe siècle, photo d'article de blog faisant foi ! Je cite tout cela dans cet ordre, mais il n'est, bien entendu, absolument pas contractuel (en vérité, je risque de commencer par vous chanter les louanges de Christine de Pizan !) Ne désespérez pas, non plus, d'avoir les retours du sondage "quelle vision avez-vous du Moyen Âge". Vous avez été près de neuf cent participants à me faire le grand plaisir d'y répondre, donc dépouiller l'ensemble des questions à hauteur de ces neuf cent réponses prend du temps ! J'avance tout doucement, mais j'avance ! J'essaierai donc de tenir un peu plus à jour ce blog qui me tient particulièrement à coeur cette année en ce qu'il m'offre un petit moment de loisir en me permettant de revenir à mes premiers amours : le Moyen Âge ! A bientôt pour de plus amples informations sur cette fascinante période ! (Hé ! On vend son sujet comme on le peut !) Petite info en sus : saviez-vous que le musée de Cluny inaugure sa nouvelle exposition temporaire sur les Temps Mérovingiens ? Je ne sais pas vous, mais je compte bien y faire un tour, en ce qui me concerne ! Salutations à tous ~ Le Master Recherche, c'est fini ! L'occasion pour moi de sortir un peu les violons et de raconter ma vie (il paraît que c'est de coutume dans les blogs, je m'en voudrais donc d'échapper à la tradition). J'ai fait ma première année de master recherche à Lille et la seconde à Grenoble, en grande partie parce que ma directrice de recherches s'y était exilée (un exil tout relatif, Grenoble est une ville très chouette !). Ce changement d'air a été plutôt enrichissant, puisque chaque université a ses domaines de compétences, ses fortes personnalités et son approche de la littérature. L'université de Grenoble n'est pas celle de Lille et vice-versa. J'ai pu, cette année, travailler à l'édition de deux textes que sont la Moralité du Lymon et de la Terre (imprimé) et la Moralité des Quatre Eléments (imprimé), tous deux issus du Recueil Trepperel que j'évoquerai sans doute un jour dans un article un peu plus complet. Cela a été une très chouette expérience, puisque je n'avais jamais fait un tel travail auparavant. En substance – il faut imaginer – vous avez un texte médiéval, imprimé en petits caractères gothiques, et à vous de jouer ! Dactylographier le texte ? A faire. Essayer de comprendre ce que cela raconte ? A faire. Tenter de corriger les éventuelles erreurs ? A faire. Ponctuer le texte ? A faire aussi ! C'est une expérience ô combien stressante et gratifiante ! Là, vous êtes franchement utile, puisque vous déterrez un ouvrage tombé dans l'oubli depuis quelques siècles, et sur lequel personne, ou presque, ne s'est penché.
J'ai eu de la chance, les textes étaient numérisés, et donc disponibles en ligne, sur Gallica, mais cela ne m'a pas empêchée de me rendre sur place pour aller consulter les volumes en Janvier 2016. Ce fut une expérience très émouvante que d'avoir entre les mains ces ouvrages de format agenda (donc tout en longueur), de près de cinq siècles. Ce recueil est imprimé en caractères gothiques de très petite taille (la numérisation permet un zoom extrêmement salutaire pour les yeux du lecteur moderne !) sur papier (autant dire que pour la conservation, on est loin du parchemin qui ne prend pas une ride en plusieurs siècles !). Pour fêter la fin de ce mémoire, j'ai donc à cœur de vous faire partager une vidéo (et la chaîne youtube qui l'accompagne) qui résume extrêmement bien l'importance des témoignages écrits du Moyen Âge : L'importance de la Trace, un reportage par Castor Mother dont je suis avec beaucoup d'attention les vidéos et les live ! Prochain objectif ? L'agrégation et me mettre à jour sur ce blog ! (Et avec le sourire, s'il vous plaît !) Bonjour à tous !
C'est non sans joie que j'ai découvert, ce matin, le programme de l'agrégation externe de lettres pour la session 2017 : Christine de Pisan est au programme ! Joie indicible ! Non seulement les auteurs femmes semblent plutôt rares dans les programmes de ce concours, mais cela est plus vrai encore pour le Moyen Âge, période où les femmes de lettres sont en minorité ! C'est le Livre du Duc des vrais amants qui est au programme, ouvrage que je ne connaissais pas, mais que, par un heureux hasard, j'ai acheté lundi passé en allant explorer, à l'occasion d'un périple parisien, le musée de Cluny. Je vais donc pouvoir découvrir cet ouvrage avec ravissement, et revenir à un moment ou à un autre vers vous avec un article dédié à Christine de Pisan ! En attendant, vous pouvez profiter avec ravissement de ces quelques extraits du CD de la formation VocaMe dédié à Christine ! |
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