Les 24 et 25 mars derniers se tenaient à l'université de la Sorbonne un colloque intitulé Kaamelott, la (re)lecture de l'histoire organisé par Florian Besson (Paris IV) et Justine Breton (Université de Picardie, Amiens). Le relai de l'information par Alexandre Astier (souhaitant bonne chance aux chercheurs pour "mettre de l'ordre dans tout ce merdier") sur les réseaux sociaux a d'ailleurs causé le crash du site de la Sorbonne en raison d'un trop grand afflux sur les serveurs.
Ce fut l'occasion de lire la série à l'aune de l'histoire, de la littérature, mais aussi de la sociologie et de l'histoire des médias. L'ensemble des jeunes (et moins jeunes) chercheurs réunis pendant deux jours dans les locaux de la Sorbonne ne furent pas en reste de boutades et d'analyses profondes. Le colloque fut passionnant à bien des égards, puisque permettant d'enquêter sur les sources historiques et littéraires convoquées par Alexandre Astier, mais aussi questionnant des choix de mise en scène, et la réception du Moyen Âge (plus précisément, la période charnière des Ve et VIe siècles dont on ne sait pas trop s'il s'agit d'Antiquité tardive ou de Moyen Âge précoce) dans l'imaginaire collectif. Nous avons eu, entre autres opportunités, la chance de découvrir que la peur des lapins adultes de Bohort était tout à fait justifiée (cf. la première photo), et d'accueillir Jean-Robert Lombard, aka. Père Blaise, qui a pris la parole pour discuter avec nous de son rôle et de la série.
2 Commentaires
Hello !
L’année tire doucement à sa fin, et l’article sur la face a bien tourné (je ne suis que fierté, même si je sais que 99 % des lecteurs sont des agrégatifs !). Et tiens ? Dirait-on qu’un fourmillement d’articles de Noël se prépare ? En guise d’aparté, histoire de ne pas seulement écrire cet article pour faire du teasing (même si c’est très tentant), j’en profite pour présenter ce chouette ouvrage : La Muse et le Compas : poétiques à l’aube de l’âge moderne, édité chez Classiques Garnier sous la direction de Jean-Charles Monferran. Une dizaine de contributeurs ont œuvré des années durant pour offrir au monde des curieux de tous poils trois textes que nous attendions tous avec une impatience non dissimulée – enfin, que ceux qui savaient que ces textes existaient attendaient avec impatience : TROIS ARTS DE SECONDE RHÉTORIQUE DU XVe SIÈCLE ! Les lecteurs que vous êtes vont sans doute m’arrêter là et me demander « oui mais Marielle, t’es bien mignonne avec ta seconde rhétorique, mais ça serait bien sympa de… 1/ nous expliquer ce qu’est la première rhétorique, déjà 2/ nous expliquer ensuite ce qu’est la seconde rhétorique ! » Patience, lecteur avide de nouvelles connaissances, patience ! Ce qui est appelé « seconde rhétorique » désigne tout simplement l’écriture en vers. Cela inclut donc la métrique, le travail des rimes, la disposition des vers, l’étude des formes fixes, des figures de style propre au vers etc. En somme : la poésie. Par opposition la « première rhétorique » est en réalité l’art de bien parler, ce que l’on appelle stricto sensu depuis l’Antiquité « la rhétorique ». Est entendu, cependant, sauf contre-indication des traités que tout ce qui est valable pour la première rhétorique l’est pour la seconde. Je développerai cependant tout ça dans un prochain article ! (Et oui, c’est bon, on y est pour le teasing!) Mais, me demanderez-vous : pourquoi faire un tel raffût SPÉCIALEMENT pour ce livre ? Eh bien c’est que l’un des trois traités présenté est l’Instructif de Seconde Rhétorique d’un auteur anonyme se présentant dans son propre travail sous le nom de plume de l’Infortuné. Ce traité est le seul traité – à ma connaissance du moins – du Moyen Âge théorisant en partie la pratique théâtrale ! On l’avait vu, le théâtre est perçu comme une pratique, elle échappe donc à la rationalisation du savoir. Eh bien bim, le traité de seconde rhétorique y pourvoit sur une bonne centaine de vers ! (Je suis donc comme une gosse qui déballe son cadeau de Noël !) Nouvelles sous peu de cette sombre affaire, donc ! Et si vous brûlez d’impatience en attendant l’article, pourquoi ne pas jeter un œil à cet ouvrage dans votre bibliothèque préférée ? Salutations à tous ~ Le Master Recherche, c'est fini ! L'occasion pour moi de sortir un peu les violons et de raconter ma vie (il paraît que c'est de coutume dans les blogs, je m'en voudrais donc d'échapper à la tradition). J'ai fait ma première année de master recherche à Lille et la seconde à Grenoble, en grande partie parce que ma directrice de recherches s'y était exilée (un exil tout relatif, Grenoble est une ville très chouette !). Ce changement d'air a été plutôt enrichissant, puisque chaque université a ses domaines de compétences, ses fortes personnalités et son approche de la littérature. L'université de Grenoble n'est pas celle de Lille et vice-versa. J'ai pu, cette année, travailler à l'édition de deux textes que sont la Moralité du Lymon et de la Terre (imprimé) et la Moralité des Quatre Eléments (imprimé), tous deux issus du Recueil Trepperel que j'évoquerai sans doute un jour dans un article un peu plus complet. Cela a été une très chouette expérience, puisque je n'avais jamais fait un tel travail auparavant. En substance – il faut imaginer – vous avez un texte médiéval, imprimé en petits caractères gothiques, et à vous de jouer ! Dactylographier le texte ? A faire. Essayer de comprendre ce que cela raconte ? A faire. Tenter de corriger les éventuelles erreurs ? A faire. Ponctuer le texte ? A faire aussi ! C'est une expérience ô combien stressante et gratifiante ! Là, vous êtes franchement utile, puisque vous déterrez un ouvrage tombé dans l'oubli depuis quelques siècles, et sur lequel personne, ou presque, ne s'est penché.
J'ai eu de la chance, les textes étaient numérisés, et donc disponibles en ligne, sur Gallica, mais cela ne m'a pas empêchée de me rendre sur place pour aller consulter les volumes en Janvier 2016. Ce fut une expérience très émouvante que d'avoir entre les mains ces ouvrages de format agenda (donc tout en longueur), de près de cinq siècles. Ce recueil est imprimé en caractères gothiques de très petite taille (la numérisation permet un zoom extrêmement salutaire pour les yeux du lecteur moderne !) sur papier (autant dire que pour la conservation, on est loin du parchemin qui ne prend pas une ride en plusieurs siècles !). Pour fêter la fin de ce mémoire, j'ai donc à cœur de vous faire partager une vidéo (et la chaîne youtube qui l'accompagne) qui résume extrêmement bien l'importance des témoignages écrits du Moyen Âge : L'importance de la Trace, un reportage par Castor Mother dont je suis avec beaucoup d'attention les vidéos et les live ! Prochain objectif ? L'agrégation et me mettre à jour sur ce blog ! (Et avec le sourire, s'il vous plaît !) |
Une vie de médiéviste |